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Doreur sur cuir

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70 ans et just maried !

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70 ans et just maried !



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MessageSujet: Doreur sur cuir Doreur sur cuir Icon_minitimeSam 4 Aoû - 13:56

Cette rubrique se veut le magazine des technologies de demain. Mais demain n'existera que grâce à aujourd'hui. Et aujourd'hui n'a pu se réaliser qu'en s'appuyant sur hier... Alors, vous me permettrez sans doute un petit clin d'oeil à un passé appartenant presque à l'Histoire.

Mon père, Fernand, est né en 1878.
Il était le cadet d'une famille modeste dont l'aîné a été blessé une première fois en 1915 et blessé mortellement une deuxième fois à Verdun en 1916.
Tombé d'une chaise à l'âge de six ans, mon père s'est déboité le col du fémur qui n'a jamais été soigné et remis en place. Resté infirme toute sa vie et boitant, il a été inapte pour l'armée française, survivant ainsi aux deux guerres mondiales successives 14-18 et 39-45.
"Arpette" dès l'âge de 14 ans, il a commencé par pousser et tirer des charrettes de livraison de livres pour le compte d'un relieur, puis d'un doreur.
C'est avec ce dernier qu'il a appris petit à petit son métier de doreur sur cuir, qu'il exercera jusqu'en 1969.
Il aura finalement un atelier au fond de la cour du 18 rue du Dragon, à Paris, près de Saint Germain des Prés.
Un relieur viendra le rejoindre durant ses dernières années d'activité.
Je revoie encore cette vitrine aux étroites vitres très hautes formant la façade vitrée de son atelier sur la presque totalité du fond de la cour, encadrée par deux portes d'accès, l'une à gauche presque toujours fermée, l'autre à droite presque toujours ouverte, surtout l'été.
Deux ampoules électriques venaient éclairer l'établi en pendant au bout de leur abat-jour métallique conique, descendant en tirant dessus grâce à leur gros contre-poids ovoïde en porcelaine.
Et puis l'établi, long comme la façade vitrée, au bois terni et lustré par des décennies de frottements des livres de toile ou de cuir.
Deux postes de travail comportant chacun un tabouret isolé du sol carrelé par un caillebotis en bois.
A chaque poste, deux trous sur l'établi permettait de fixer un billot en bois conçu pour maintenir les livres verticalement lorsque mon père "poussait" les titres sur leurs dos au moyen d'un "composteur" dans lequel il avait préalablement installé les lettres, la ponctuation, les espaces, serrés les uns contre les autres par une vis que l'on actionnait avec les doigts.
Il faisait chauffer ce "composteur" sur un petit réchaud à gaz de son invention. Lorsqu'il posait le "composteur", le poids de celui-ci faisait basculer vers le bas un support qui commandait l'allumage du réchaud, un peu comme une chaudière à gaz.
A un moment, il relevait le "composteur", le retournait, et le reposait sur le support basculant afin de chauffer l'autre côté du "composteur".
Lorsqu'il jugeait que la température atteinte était suffisante, il enlevait le "composteur" et le refroidissait en le plaquant doucement sur un coton imbibé d'eau reposant dans une petite gamelle en émail, puis le retournait pour refroidir l'autre côté. A la vapeur s'échappant, et au grésillement sonore, il savait quand le "composteur" était à la bonne température.
Il allait alors appliquer les lettres du titre ou de l'auteur sur le dos en cuir du livre maintenu fermement de sa main gauche contre le billot de bois tandis qu'il "poussait à la force du poignet" le composteur sur le livre.
En général, cette application à chaud se faisait sur une feuille d'or préalablement placée sur le dos du livre avec un "tampon" de bois recouvert d'une feutrine.
Pour la bonne adhérence de la feuille d'or, il enduisait le cuir du livre avec du blanc d'oeuf, récupéré à partir d'oeufs achetés chez un commerçant. Qu'est-ce que j'ai pu me régaler avec les jaunes lorsque j'étais enfant !
Et pour améliorer l'adhérence de la feuille d'or sur la feutrine du "tampon" de bois durant son transfert vers le livre, il passait brièvement la feutrine du "tampon" sur son front toujours un peu gras.
Il utilisait la même manière de procéder lorsqu'il dorait les plats des livres avec des "fers" ou des "roulettes".
Plus tard, il allait "essuyer" les résidu d'or avec un chiffon au-dessus 'une "cloche", un tiroir profond surmonté d'une grille où les résidus d'or tombaient et se mélangeaient à la poussière annuelle.
Je revoie les murs couverts des clayettes où étaient accrochés les "fers" et les "roulettes", les casiers des meubles où étaient rangés les "composteurs" avec les lettres, la ponction et les espaces dans les alvéoles des tiroirs plats et aux noms bizares : in huit Jésus, etc...
Et l'odeur du cuir des livres : basane, marocain, etc...
Toute une époque... Tout un métier d'artiste presque entièrement disparu de nos jours !
Et puis le relieur qui l'avait rejoint, un beau jour : on reliait encore les livre dans ce temps là ! Houulà-là... la grande presse en bois... avec sa grande roue pour faire descendre le lourd "tableau" sur les livres; et la cisaille à bras, le massicot en bois. D'énormes monuments qui grimpaient jusqu'au plafond de l'atelier.
Mon père, cet artiste... que j'ai tant admiré et aimé...
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